ESPACE, ou dans mon cas, son absence. La dernière frontière.
Je fais de l’art depuis ce qui me semble être une éternité et j’expose depuis 1980. Au fil des ans, j’ai vendu un bon nombre d’œuvres, et pourtant, ma vie reste encombrée de pièces entassées dans chaque recoin disponible. Tandis que je continue de créer, j’ai atteint un tournant : il est temps de réutiliser, recycler, réinterpréter et affiner.
J’avais dix-sept ans la première fois que j’ai dessiné d’après modèle nu. J’ai poursuivi cette pratique pendant plus de trente ans, accumulant ainsi une vaste collection de dessins de modèles vivants. J’en ai déjà écarté beaucoup, surtout ceux sur du papier journal fragile, mais je m’accroche encore à certains, bien que leur support laisse à désirer. Lâcher prise est une épreuve. Chaque dessin contient quelque chose que je veux préserver. Quand je me sépare d’une œuvre, je la photographie pour garder une trace de ce qui a été.
Certaines resteront intactes, leur énergie brute étant trop essentielle pour être altérée. En les regardant, les souvenirs affluent, me heurtant comme un coup de poing dans le ventre. L’espace d’un instant, je me sens jeune à nouveau, avant d’être submergée par un sentiment de perte inattendu. Réinterpréter un dessin du passé est toujours une aventure émotionnelle, mais parfois, un bouleversement s’impose pour provoquer une percée.
Aujourd’hui, les dessins inachevés sur bon papier s’accumulent. Certains, je les recouvre de peinture. D’autres, je les développe davantage, explorant de nouvelles directions.
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Bâtir sur un dessin au trait rapide |
Je n’ai aucune idée d’où ces recherches me mèneront. Dans mon dernier billet de blog, j’évoquais mon va-et-vient entre le dessin traditionnel et numérique. En travaillant sur le dessin ci-dessus, j’ai photographié son évolution afin de créer des pièces numériques complémentaires, tout en poursuivant mon exploration des pastels à l’huile. Le processus s’est transformé en un dialogue entre mon moi passé et présent, un voyage émotionnel à travers le temps.
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3 alternatives numériques |
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Pas encore ce qu'elle va devenir - numérique |
L’œuvre ci-dessous représente une créature mythologique en quête urgente de résurrection, alors que les droits et libertés des femmes continuent de s’effriter à travers le monde.
Au fil de mes recherches, je suis tombée sur une citation de Wikipédia où des hommes décrivent les femmes comme d’effroyables Harpies castratrices.
J’ai dû chercher la définition du mot virago. Maintenant que je la connais, je l’aime bien.
Voici donc ma réponse : une Harpie Féministe dans toute sa splendeur, ressuscitée aux pastels à l’huile. Son unique serre visible est prête à rétablir l’équilibre.
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