Au cours des huit dernières années, j'ai créé deux livres d'artistes faits à la main et, après trois mois de travail, j'en ai ajouté un troisième à ma pile grandissante. Faire un livre est un processus incroyablement chronophage, surtout lorsque les idées ont tendance à évoluer au fil du temps. Voici un aperçu rapide de mes créations passées:
2016
Mon premier grand opus, intitulé "Le diable et mon livre d'artiste", a été réalisé pour l'exposition *Forces Irrésistibles* à la Galerie de la Ville à Dollard-des-Ormeaux. Oui, les pages 6 et 7 sont de travers, mais c'est ainsi que je vois le monde.
2018
Lors de ma résidence artistique "Souffle et Sifflets" à la Maison Félix Leclerc, j'ai créé un cahier géant inspiré par la chanson "Le train du Nord" de Félix Leclerc. Cette locomotive, ainsi que de nombreuses images inspirées de dindons sauvages, ont vu le jour après que j'ai repéré ces volatiles rôder d'un air suspicieux autour de mon atelier.
2024
Mon plus récent livre est né d'une envie de participer à la Biennale Livres d'Artistes au Portage, qui s'est tenue en septembre 2024 à Notre-Dame-du-Portage. Le thème de l'événement, "Métissage".
Créer des livres n'est pas quelque chose que je fais régulièrement, alors j'ai rencontré plusieurs défis tout au long du processus. J'ai réussi à en résoudre la plupart, mais tout ne s'est pas déroulé comme prévu au départ. Ce projet a impliqué un apprentissage considérable, pour lequel je suis reconnaissante. J'aime bien faire travailler mes méninges.
Je me suis inspirée de la citation suivante tirée du livre "As Eve Said To The Serpent" de Rebecca Solnit, édition souple de 2001.
Humanity originated in - and lost - a garden (p. 48)...the past has become the future (p.49).
Traduction: L’humanité a pris naissance dans un jardin, et l’a perdu...Le passé devient l’avenir.
Les mots de Solnit m'ont poussée à réinterpréter le mythe de la création avec Adam et Ève. J'ai laissé de côté la version vieillissante pour produire une parodie poignante sur la cupidité sans fin de l'humanité pour le pouvoir et le profit, et comment cette obsession détruit notre Jardin d'Éden actuel (alias la Terre).
L'inspiration finale est venue d'un dessin que j'avais réalisé il y a des années, représentant un serpent portant un chapeau. Ce serpent élégant est devenu la vedette du spectacle. J'ai passé des heures sur mon iPad Pro à créer une série d'images numériques vibrantes. Beaucoup ont été mises de côté pour des projets futurs.
Aux côtés de mon serpent coquet, des formes iconiques de pommes se transforment et se déforment tout au long du livre, donnant un rythme visuel à l'histoire. Pendant ce temps, le texte mijotait en arrière-plan dans mon esprit.
J'aime travailler en grand format, mais la Biennale imposait des restrictions de taille : les livres ne pouvaient pas dépasser 60 cm (23,6 pouces) dans aucune direction. Pour créer les couvertures avant et arrière, j'ai fait découper une grande planche de contreplaqué fin en rectangles dans une quincaillerie locale, que j'ai ensuite teintés avec de la peinture acrylique diluée pour obtenir un aspect ancien et usé, comme un artefact précieux exhumé lors d'une fouille archéologique. Une fois la couleur de base séchée, j'ai utilisé deux types de peinture acrylique noire, fluide et à haut débit de la marque Golden, pour créer des éclaboussures qui ressemblaient à des taches d'huile. Un clin d'œil subtil (oui, je sais être subtile) à la quête d'Adam pour le pétrole.
Les dimensions finales du livre sont de 35,56 x 49,53 x 3,18 cm (ou 14 x 19,5 x 1,3 pouces), avec des couvertures articulées. J'ai volontairement omis de mettre le titre sur la couverture : il est caché quelques pages plus loin, comme un secret bien gardé.
Sur la couverture arrière, un texte écrit sur une pomme explique l'inspiration et la raison d'être du livre.
Naturellement, je ne peux pas reproduire les 39 pages ici, mais je peux vous présenter mon personnage principal, Adam le Baron du Pétrole, qui est littéralement et métaphoriquement un serpent. Il serpente à travers un paysage de pommes, se frayant un chemin à travers deux d'entre elles pour former son corps.
Les images sont imprimées sur du papier Epson blanc, intercalées entre des pages noires. Le texte—rose sur fond noir—est monté à l'aide de ruban adhésif double face archivistique. Contrairement à *Hybrida Flores*, mon livre auto-édité de l'an dernier, celui-ci est entièrement en français, le public de la Biennale étant principalement francophone.
Quelques pages de plus :
Et pour les curieux, le catalogue de la 7e Biennale est disponible ici.
La prochaine fois que vous verrez une flaque d'huile sur le sol, pensez à Adam le Baron du Pétrole, fuyant ses responsabilités. Quant à Ève ? Elle est occupée à trouver de nouvelles solutions.
Comments
Post a Comment