LA NAISSANCE D'UNE SUITE BOTANIQUE

La vie peut parfois donner l'impression d'être un train lancé à toute vitesse. Cette année a commencé dans un tourbillon d'inquiétude et de chaos. Les personnes qui me sont chères ont dû faire face à des maladies et des accidents, me laissant sans autre choix que de mettre mon art en veilleuse pendant un certain temps.

Les premiers mois sont un souvenir flou, les événements se mélangeant les uns aux autres. Puis, une brève accalmie est arrivée - une précieuse fenêtre de quelques semaines où ceux qui m'entourent se sont retrouvés brièvement en phase de rétablissement. Incertaine de combien de temps cette pause durerait, j'ai décidé de saisir l'instant.

Mon projet a commencé avec une série d'autoportraits numériques. J'ai capturé des selfies candides, peu flatteurs mais profondément expressifs, et les ai utilisés comme base pour mes dessins. Ci-dessous se trouve un aperçu du processus à différentes étapes.

 

 

 

Pendant ce temps, un "appel aux artistes" a atterri dans ma boîte de réception. Le thème m'a propulsé dans des imaginations fantastiques de ce à quoi nos vies pourraient ressembler dans le futur. Si nous sommes assez insensés pour détruire le monde tel que nous le connaissons, que pourrait-il ou que devrait-il advenir ?

Dans l'œil de mon esprit, une végétation imposante s'est dressée, insatiable et impitoyable, reprenant les vestiges de l'existence humaine. J'ai semé un concept au plus profond de ma psyché, donnant naissance à une vision de formes de vie inédites, une fusion étrange et parfois grotesque de l'humanité et de la flore. Ce qui avait commencé comme de simples réflexions numériques a éclos en une passion.

Mes premiers dessins ont évolué en une "Fleur Frustrée" à un seul œil.

Un autre croquis de moi-même, affichant un sourire éclatant,

s'est transformé en une prairie de "fleurs sauvages".

Bien que partir de mon propre visage fût tout à fait satisfaisant, je sentais qu'une plus grande variété de sujets pourrait apporter du piquant à mes créations verdoyantes. J'ai demandé à des amis et à ma famille s'ils étaient prêts à poser pour moi. Seuls les plus intrépides ont accepté de participer à cette aventure loufoque. Ils étaient conscients que les dessins numériques subiraient déformations, étirements, mutilations, et endureraient une multitude d'autres transformations horribles, tout au nom de l'art.

C'est ce que j'appelle de l'amour (et beaucoup de confiance en soi de leur part).

Le projet évoluait lentement quand un autre "appel aux artistes" a atterri dans ma boîte de réception de mon centre d'artistes autogéré préféré, Gueulart. Ils sollicitaient des propositions pour une exposition individuelle. Au début, des doutes ont surgi - pourrais-je vraiment créer suffisamment de nouvelles œuvres en seulement quelques mois ? L'enthousiasme l'a emporté et j'ai réussi à créer plus de trente-deux impressions numériques ainsi qu'un recueuil pseudo-scientifique compagnon à la mi-septembre. Le dévoilement a eu lieu le 29.

 

Étonnamment, un nombre surprenant de personnes de mon entourage expriment désormais le désir de se métamorphoser en hybrides et gnomes (j'en parlerai davantage dans un prochain billet de blogue), dans le but (je présume) de m'aider à concevoir un jardin encore plus grandiose et excentrique. Qui aurait pensé qu'ils prendraient plaisir à se soumettre à ces types de transmutations ? 

J'ai rappelé à chacun de garder à l'esprit le contexte : je crée un monde post-crise climatique qui, espérons-le, ne verra jamais le jour.